Qui dit numéro sur la sexualité, dit immersion dans des lieux coquins en Cité Ardente. Deux ont particulièrement attiré notre attention. Rendez-vous dans le quartier des Guillemins et Rue Nagelmackers, en plein centre.
La première adresse taboue à laquelle les Liégeois pensent est la célèbre Rue Varin. Jouxtant la gare des Guillemins, elle attire bon nombre de voyageurs qui ont régulièrement l’occasion d’y passer. On y trouve quelques vitrines où l’on peut apercevoir des prostituées qui attendent le client, talons hauts et lingerie affriolante, tranquillement assises sur leur tabouret.
La seconde, à quelques pas de l’Université, semble bien plus mystérieuse. Impossible de ne pas remarquer les « X » géants clignotant qui suggèrent les films à caractère érotique voire pornographique qu’on y propose. Le nom du complexe, Midi-Minuit, est en réalité une publicité mensongère puisqu’il n’ouvre que de 11h à 23h. Il réunit 6 salles de cinéma, 31 cabines individuelles et un sex shop. Nous avons décidé de franchir le pas et d’y entrer pour démystifier le lieu.
Vers 14h, nous entrons enfin, un peu gênées. Notre carte d’identité nous est immédiatement demandée, ils ne rigolent pas avec la règle : il faut 18 ans pour se faufiler. Vérification terminée, le guichetier, d’un air plutôt accueillant, accepte volontiers de répondre à quelques questions : quel public fréquente les lieux ? Tous les âges ? Tous les sexes ? L’homme affirme qu’il voit autant d’hommes que de femmes, seuls ou en couple, et de tout âge. Néanmoins, sur les vingt minutes de notre visite, nous n’avons rencontré que des hommes passés la cinquantaine et qui semblaient coutumiers de l’endroit. C’est à voix basse qu’ils achètent un ticket d’accès contre une dizaine d’euros. Celui-ci est valable toute la journée, sans sortie possible. À noter que les couples ne doivent payer qu’une seule entrée.
La file d’attente s’étant atténuée, nous prenons la peine d’observer le hall : un escalier, bordé de décorations de Noël, mène aux cabines individuelles et au cinéma collectif. En bas, on ne peut pas dire que ce soit très chaleureux, mais il y a tout de même un petit sapin pour l’esprit des fêtes et un distributeur de friandises pour les petits creux. Les étagères du sex shop exposent toutes sortes d’articles à des prix démocratiques : sextoys, lingerie, DVD et des lubrifiants en veux-tu en voilà ! Le bio est d’ailleurs certifié pour certaines gammes de produits. Et le top du top, c’est qu’on peut apercevoir des panneaux annonçant les soldes d’hiver !
Au moment de quitter l’endroit, plusieurs interrogations nous viennent à l’esprit. Aujourd’hui, alors que rien n’est plus accessible que la pornographie puisqu’Internet regorge de tous liens sous tous les formats et gratuitement, pourquoi se rendre dans un tel cinéma ? Pourquoi continuer à acheter des DVD ? Peut-être un rituel, une habitude pour certains ou une manière plus légale de faire vivre l’industrie du porno pour d’autres ? Les réponses à ce sujet si controversé ne sont sûrement pas sur le point de nous parvenir…
Jade Haulet & Lilou Tourneur
Commentaries par Lilou Tourneur