A l’occasion de l’ouverture du festival Voix de femmes ce jeudi 10 octobre, Le P’Tit Torê est allé à la rencontre de Cécile Barraud de Lagerie, au KulturA, pour son exposition ‘L’eau du ciel #2’. Rencontre avec l’artiste.

Cécile Barraud de Lagerie (© Agustina Peluffo)

Cécile Barraud de Lagerie (© Agustina Peluffo)

Normande, elle étudie ensuite à Paris les arts plastiques et se spécialise dans les couleurs, les imprimés et le tissage pour les industries textiles et la mode. Elle vit aujourd’hui à Bruxelles et se destine à la peinture en freelance. 

En 2018, Cécile Barraud de Lagerie embarquait pour un voyage de 17 jours sur un bateau pour une traversée transatlantique depuis Anvers jusqu’à Miami. L’objectif de ce voyage : mener des expérimentations sur le paysage, l’abstraction et surtout, les couleurs. Elle raconte: « L’expérimentation prend beaucoup de place. J’ai besoin de m’imprégner d’un univers, ici en l’occurence, c’était le paysage autour de moi sur le bateau. Et ensuite quand je revenais dans ma cabine pour peindre, c’est ce que j’avais absorbé en étant dehors qui ressortait dans ce que je faisais ». L’exposition est constituée d’une part, par la présentation de ce travail et d’autre part, par la présentation d’autres oeuvres réalisées depuis son retour sur la terre ferme. 

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Le/La visiteur/euse voyagera à son tour dans l’univers mouvant de Cécile Barraud : « J’ai une prédilection pour tout ce qui va être diluable parce que justement ça me laisse une part d’aléatoire, quelque chose que je ne peux pas complètement contrôler, ce qui est moins le cas avec le dessin ». Imprévisibilité et évanescence sont les principales caractéristiques du monde de Cécile, ou plutôt, pour reprendre son expression : l’impermanence. 

Les fluides sont par essence incontrôlables totalement et transcrivent cette tension entre l’immuabilité et son changement inhérent : « Même les choses qui nous semblent immuables sont mouvantes. Quand on étudie la géologie, on réalise que les pierres ont changé et changent d’état, que les nuages étaient de l’eau. Tout est lié dans un cycle ». Il est par ailleurs facile de projeter sur ces peintures ‘abstractisantes’ des phénomènes météorologiques variés. Un lien se tisse entre l’œil et la peinture, entre le semi-abstrait et notre expérience, notre mémoire. Mais c’est moins leurs mouvements qui l’attire que la temporalité de ces mouvements. Quand c’est produit ce que je vois ? Combien de temps lui a-t-il fallu ? Combien de temps cela a-t-il demeuré ? 

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« Plutôt que de voir des choses, je vois la couleur des choses ». Voilà peut-être pourquoi on retrouve des peintures tantôt teintées de couleur rouille, tantôt d’un mélange de cyan et de magenta, rappelant les premières lunettes 3D. 

Cette exposition gratuite vaut la peine de se déplacer, ne serait-ce que pour observer et se laisser imprégner de peintures dont les évocations sont, elles aussi, évanescentes, telles des nuances de temps, bien loin d’une intellectualisation à la Picasso ou René Magritte. 

L’exposition est accessible gratuitement au KulturA, dans la galerie Rature du 10 octobre 2019 jusqu’au 26 octobre 2019. Elle se tient par ailleurs dans le cadre du festival Voix de femmes qui organise un peu partout dans Liège des animations, rencontres, concerts, projections et ateliers autour du féminisme, et dont le but est aussi de faire découvrir au grand public des artistes exclusivement féminines. Plus d’informations sur leur groupe Facebook ou sur leur site !

Thomas Ravanelli